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Charles Michel, un président du Conseil pas comme les autres

Après avoir été, à 38 ans, le plus jeune Premier ministre de l’histoire en Belgique, Charles Michel a été choisi le 2 juillet 2019 pour prendre les rênes du Conseil européen. Un mandat qui a été prolongé et qui doit prendre fin l’année prochaine. Cette présidence a été marquée par des crises, que ce soit celle du Covid-19, ou celle liée à la guerre en Ukraine. Depuis qu’il est en place, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à le critiquer pour sa façon de présider cette institution, mais aussi pour les relations pour le moins compliquées qu’il entretient avec la présidente de la Commission, ou encore ses très nombreux et coûteux déplacements à l’étranger, réalisés en jet privé. Charles Michel est donc une personnalité controversée. (Rediffusion du 24 avril 2023)

Critiqué, attaqué pour son mode de gouvernance, Charles Michel se défend d’avoir abusé de sa fonction.
Critiqué, attaqué pour son mode de gouvernance, Charles Michel se défend d’avoir abusé de sa fonction.  © AFP/Valeria Mongelli

En décembre 2018, après quatre ans au poste de Premier ministre en Belgique, Charles Michel remet sa démission après qu’un des partis de la coalition au pouvoir claque la porte. Il n’a que 42 ans et veut poursuivre une carrière prometteuse alors qu’il doit quitter officiellement ses fonctions après les élections de 2019.

Le calendrier est parfait. Les 27 dirigeants européens cherchent alors une personnalité politique pour occuper la présidence du Conseil européen. Une personne capable de négocier et de travailler en coulisse pour obtenir des accords, comme l’explique Éric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la fondation Robert Schuman : « Le poste de président du Conseil européen est un poste qui est réservé aux anciens chefs d’État et de gouvernement, parce qu’il faut qu’ils aient participé à ce type de réunion, qu’ils en connaissent les codes, qu’ils connaissent les membres de ce cénacle pour vraiment jouer ce rôle de facilitateur, d’organisateur des débats. »

Un poste qui n’a jamais été clairement défini

Avant son arrivée au Conseil européen, seulement deux autres personnes avaient occupé ce poste. Dont le Polonais Donald Tusk, le président sortant qui avait géré son mandat dans la discrétion. Un trait de caractère que visiblement Charles Michel ne partage pas, lui qui semble toujours sur le devant de la scène, ce qui soulève de nombreuses critiques.

Mais, comme le détaille Eric Maurice, il n’y a pas de mode d’emploi pour un tel poste : « Il a peut-être du mal, notamment parce que la présidente de la Commission européenne est aussi très visible. Il a du mal à s’effacer derrière la fonction, à s’effacer derrière les 27 chefs d’État et de gouvernement pour continuer d’exister politiquement. Ce poste, il est le troisième seulement à l’occuper et ces deux prédécesseurs avaient aussi des manières différentes de l’occuper. Donc, c’est un poste qui est relativement récent dans l’histoire des institutions européennes et qui n’a pas de mode d’emploi, d’une certaine manière. Et Charles Michel peut être tenté d’outrepasser peut-être ce que certains chefs d’État et de gouvernement aimeraient qu’ils représentent en tant que président du Conseil européen. »

Charles Michel, victime malgré lui ?

Si les critiques sur sa manière de diriger le Conseil européen et de gérer ses relations avec Ursula von der Leyen se multiplient, le président Michel fait également l’objet d’attaques dans la presse pour ses nombreux et coûteux voyages à l’étranger. Des déplacements dont le budget a explosé et qui sont effectués en jet privé ou en voiture.

Ces attaques ne sont pas forcément justifiées, estime le journaliste belge Antonio Solimando, coordinateur du service politique de la radio belge RTL : « Charles Michel ne nous a pas habitués à entretenir ce genre de polémique. En Belgique, on se demande si finalement, on n’a pas affaire à un début de campagne électorale pour remplacer entre guillemets Charles Michel, puisque la fin de son mandat s’annonce. Est-ce que ce n’est pas lié justement à ces débuts de rivalité, à ce début de campagne électorale où des adversaires commencent à aiguiser les couteaux. C’est une possibilité qui est évoquée par les observateurs en Belgique en tout cas. »

Quel avenir pour l’ancien Premier ministre belge ?

Le deuxième mandat de Charles Michel se termine l’année prochaine, après les élections européennes. Saura-t-il rebondir et trouver un autre poste prestigieux ? Pour Antonio Solimando, avec Charles Michel, on peut s’attendre à tout : « Il a toujours été très surprenant. Il n’avait pas toutes les bonnes cartes dans son jeu, mais il est toujours parvenu à trouver un moyen de se placer dans la lumière et de se placer au bon endroit. Il n’a jamais été le favori pour devenir Premier ministre en Belgique, et pourtant, il y est parvenu. Et on le voyait peut-être occuper des fonctions au niveau européen, mais certainement pas la présidence du Conseil européen. Maintenant, on sait qu’en s’étant fâché avec une présidente de la Commission européenne allemande, il a forcément des vents contraires qui sont très importants. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas rebondir à l’étranger. »

Critiqué, attaqué pour son mode de gouvernance, Charles Michel se défend d’avoir abusé de sa fonction. Au contraire, il qualifie pour l’instant son bilan de bon, étant donné le contexte lié à la crise du Covid-19 et à la guerre en Ukraine. Un bilan qu’il sera temps de tirer après son départ de la présidence du Conseil européen.

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