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En Italie, des médecins cubains au chevet des hôpitaux calabrais

En Italie, il manquerait environ 30 000 médecins hospitaliers. C’est du moins le chiffrage effectué par le regroupement d’associations de médecins FoSSC et cité par l’agence de presse Ansa. Pour atténuer cette pénurie, la Calabre a fait appel à des médecins cubains. Ce week-end, 120 médecins sont venus en renfort dans les hôpitaux, près d’une semaine après leur arrivée dans le sud de la botte. Cet hiver, déjà, une cinquantaine de professionnels de santé sont arrivés dans cette région qui a l’un des systèmes de santé les moins performants du pays. À terme, La Havane doit envoyer près de 500 médecins. Reportage dans la province de Reggio de Calabre. 

(Photo d'illustration)
(Photo d’illustration)  REUTERS – Regis Duvignau

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Derrière le comptoir des urgences de l’hôpital de Polistena, Dagoberto Gonzalez Martinez remplit une fiche d’admission. Arrivé de Cuba l’hiver dernier, il prête main forte depuis janvier. Exercer dans un pays étranger ne lui pose pas de problème. Son travail de médecin ne change pas énormément. « À Cuba, on a d’autres protocoles de travail, mais on s’adapte, précise le soignant cubain. Il y a des pathologies que l’on n’a pas à Cuba et inversement. Mais avec l’expérience et la très bonne formation que l’on a, on peut travailler dans n’importe quel pays. »

Dagoberto Gonzalez Martinez est habitué à s’adapter. Il a déjà pratiqué hors de Cuba : au Venezuela et au Brésil. Apprendre l’italien au pas de course est un défi supplémentaire pour lui. « On a eu des problèmes avec la langue, mais avec le temps tous les problèmes se résolvent, ajoute-t-il. Par exemple, la communication est très bonne avec le personnel ici, et cela aide. »

Aux urgences, le docteur Gonzalez Martinez et ses compatriotes ont apporté une bouffée d’oxygène. « Ils nous ont donné un énorme coup de main, car on était à l’os, nos médecins étaient surmenés, assure Giuseppe Cutano, coordinateur des urgences. Un médecin par garde ne pouvait pas s’occuper de tous les usagers. Parce qu’ici, il y avait un médecin par garde avant que les médecins cubains n’arrivent, c’était vraiment inhumain. Maintenant, il y en a minimum deux. »

Au total, l’hôpital accueille seize médecins cubains dans différents services. À la direction de l’établissement, le Dr Francesca Liotta vante la rapidité avec laquelle ils se sont acclimatés. Elle apprécie aussi leur enthousiasme communicatif. « Ils ont un sens aigu de l’humanité, souligne la directrice. En les voyant faire, on est un peu sorti de notre burn out. Nous étions arrivés au point que le patient nous dérangeait et c’est un mauvais signe pour un médecin. En les voyant être proches des patients avec enthousiasme, les cajoler, on a recommencé le faire. On le faisait, mais aliénés par le rythme excessif des gardes. Et puis le Covid a joué aussi. Donc espérons que ce soit une renaissance. »

Un enthousiasme partagé par Rocco Berluccio, rencontré dans Polistena. La petite nièce de ce Calabrais a été prise en charge par un médecin cubain quelque temps auparavant. « Ils ont été vraiment très professionnels et respectueux tant du point de vue du travail que de l’humanité dont ils ont fait preuve », ajoute Rocco.

Le contingent de médecins cubains n’a pas réglé tous les problèmes. Ce Calabrais témoigne d’une situation encore chaotique. Hors micro, un membre du personnel hospitalier regrette que, faute de place dans les services, l’attente aux urgences reste encore trop longue. Pour l’instant, les contrats sont prévus pour un an renouvelable. Cuba apportera son assistance plusieurs années si la Calabre le souhaite, d’autant que cette mission revêt aussi une importance diplomatique.

« C’est dur à croire, un pays pauvre, sous blocus des États-Unis au début de la révolution, qui fait l’objet des mesures qui empêchent d’avancer, que ce pays puisse aider un pays développé, membre fondateur de l’Union européenne, ajoute Luis Enrique Perez Ulloa, coordinateur de la mission médicale cubaine en Calabre. Pour nous, c’est quelque chose d’important, on sait qu’on existe. »

Les médecins cubains n’ont toutefois pas vocation à rester éternellement. Il s’agit d’aider, pas de remplacer les médecins italiens.

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