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Économie

Selon Mediapart, un rapport apocalyptique sur Mayotte a été enterré par le gouvernement


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Avec le franc-parler qui le caractérise, l’historien africaniste Bernard Lugan disait, il y a une dizaine d’années déjà, que Mayotte était le Lampedusa français. La toute petite île, qui a demandé à devenir un département français, est un bidonville géant dont l’état fait honte à l’idée que l’on se fait de la France. 

Mayotte est pauvre, ses services publics sont engorgés, ses écoles n’ont pas la place d’accueillir les nombreux enfants, ses hôpitaux font de l’île la première maternité de France mais, de cette démographie dynamique, il ne ressort rien d’autre qu’une préoccupante surpopulation et une pauvreté galopante. 

Comme si cela ne suffisait pas, Mayotte est littéralement envahie par les Comoriens tout proches, qui traversent l’océan Indien sur des embarcations de fortune, les kwassa-kwassa, pour aller chercher « une vie meilleure ». Et se noient, parfois. On se souviendra peut-être de la blague un peu limite d’Emmanuel Macron à Mayotte, en 2017 : « le kwassa-kwassa pêche peu : il amène du Comorien ». Quelle élégance, décidément. Il n’en rate pas une.

En janvier 2022, six ministères ont mis leurs efforts en commun pour rédiger un rapport sur l’état de Mayotte. Les conclusions de ce document très complet sont accablantes – si accablantes que le gouvernement les cache, depuis plus d’un an ! Mediapart a pu se procurer le rapport en question et en livre les « bonnes feuilles » – une expression plutôt tristement ironique ici.

On sait, depuis l’intervention du GIGN sur l’île voici quelques mois, que la criminalité des bandes de mineurs, parfois âgés de 12 ou 13 ans et armés de machettes, est un fléau endémique. On mesure moins la déroute totale du système judiciaire local, qui n’attire que des derniers de promo, peine à recruter et se compose de personnel inexpérimenté. L’engorgement, là aussi, est total, puisque l’on n’a pas le temps de juger toutes les affaires. Il n’y a pas assez d’interprètes, pas assez de greffiers, tout comme il n’y a pas assez de places en prison ou en centre de rétention.

Mediapart tire de ce constat terrible des conclusions un peu spécieuses : la situation de Mayotte prouverait, selon les auteurs de l’article, que la réponse uniquement sécuritaire de Darmanin est incomplète. Le média d’Edwy Plenel pense peut-être qu’il faudra déverser encore quelques milliards de papier-monnaie dans le tonneau des Danaïdes que constitue cet énième territoire perdu.

Combien faudra-t-il de panneaux de basket, de médiathèques et de chèques culture, cette fois, pour transformer Mayotte en Singapour ? On n’en saura pas plus. Il faut, en tout cas, lire cet article, à défaut de lire ce rapport dans son intégralité. Il nous renseigne sur la tiers-mondisation de notre pays. Mayotte est, on a tendance à l’oublier commodément, un département français. Et il commence à exister, sous forme de contre-modèle, jusqu’en métropole, ce que l’on pourrait appeler un « précédent mahorais ».

Stasource ; bvoltaire

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