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Emmanuel Macron en Suisse, Un Déplacement Rare ET Symbolique Après Le Réchauffement Diplomatique

C’est une première depuis 2015 et la venue de François Hollande. Le président français Emmanuel Macron se rend, mercredi 15 novembre, à Berne, en Suisse, dans le cadre d’une visite diplomatique de deux jours. Il doit notamment rencontrer son homologue, Alain Berset, président de la Confédération suisse. C’est l’occasion pour la France de resserrer ses liens avec son voisin helvétique, notamment depuis la polémique concernant l’acquisition de 36 chasseurs F-35 américains, en juin 2021. 

À l’époque, la Suisse avait cueilli les autorités françaises à froid en annonçant son choix du F-35 américain de préférence au Rafalefrançais pour moderniser son armée de l’air, un contrat de plus de 6 milliards d’euros, le plus gros de l’histoire de l’armée suisse. Selon les médias locaux, la Suisse était encore en discussion avec la France une semaine avant d’effectuer son choix, alors qu’il était pourtant clair qu’elle comptait privilégier les F-35. Une décision vécue comme une humiliation pour la France. D’autant que Berne a aussi préféré le système anti-missile américain Patriot au SAMP/T de MBDA et Thales.

Un nouveau rapprochement avec l’UE ?

Berne avait déjà choqué toute l’Union européenne en mai 2021 en annonçant renoncer aux négociations d’un accord-cadre avec les 27, après des années de discussions. La page Rafale est désormais tournée et le gouvernement suisse a repris langue avec Bruxelles et se prépare à négocier une nouvelle fois avec la Commission.

Ce tournant est « une excellente nouvelle », se réjouit-on à Paris. « Il faut que cette dynamique se concrétise désormais », a ajouté une conseillère d’Emmanuel Macron, précisant que ce dernier portera « un message d’accélération » pour « relancer les négociations afin de parvenir à un accord au plus vite ».

« Les relations avec l’UE devront être au centre des discussions », a souligné pour sa part Charles Juillard, président de la Délégation pour les relations avec le Parlement français dans un entretien avec l’agence Keystone-ATS.

Le rapprochement avec l’UE est un sujet politique très sensible en Suisse pour des questions de souveraineté, d’indépendance du système judiciaire ou encore de protection des salaires. Les syndicats ont déjà dit leur scepticisme, le premier parti du pays, l’UDC (droite radicale) aussi.

Une visite rare pour un président français

Le président français et son épouse Brigitte auront droit aux égards réservés aux hôtes les plus importants alors que la dernière visite d’un chef d’État français remonte à 2015 avec François Hollande. Le grand quotidien suisse Le Temps relève que « la visite d’État d’Emmanuel Macron en Suisse ne passionne pas les foules parisiennes, alors que la presse romande », elle, « en frétille depuis des semaines ». De son côté, La Tribune de Genève titre : « Berset s’offre Macron pour son dernier tour de piste », en référence à la fin de mandat du très populaire président suisse, prévue pour décembre 2023.

Emmanuel Macron sera accueilli à sa descente d’avion par Alain Berset, le président de la Confédération. La presse suisse souligne que les deux hommes s’apprécient. Ce sera le chant du cygne politique du Suisse. 

Honneurs militaires, rencontre avec les sept membres du Conseil fédéral, le gouvernement de la confédération, discours au Palais du Parlement et dîner de gala marqueront la première journée.

Ces visites sont rares. Outre François Hollande en 2015, seuls Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand en 1983 et Armand Fallières en 1910 avaient fait ce déplacement.

Liens européens, relations commerciales et visite du Cern

La journée de jeudi sera beaucoup moins protocolaire. Le président français l’a placée sous le signe de l’Europe. Il ira visiter la Fondation Jean Monnet pour l’Europe à Lausanne avant de rencontrer des étudiants de l’Université pour parler des « grands enjeux sociétaux » de l’Union européenne. Il a aussi accepté de répondre aux questions du public.

L’économie jouera aussi son rôle, les deux pays étant d’importants partenaires commerciaux. La Suisse est le troisième investisseur en France et le quatrième partenaire économique. 

Emmanuel Macron aura l’occasion de rencontrer des responsables économiques à Lausanne, avant que le président de la « Start-up Nation » ne prenne un train spécial pour la demi-heure le séparant de Genève avec des dirigeants de jeunes pousses à son bord.

Le voyage de deux jours se conclura sur une note de sciences fondamentales avec la visite du Cern, le laboratoire européen pour la recherche nucléaire et la physique des particules, à cheval sur la frontière franco-suisse.

L’occasion d’évoquer le projet pharaonique de futur Collisionneur Circulaire. Un accélérateur de particules de 100 kilomètres de circonférence, qui ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique mais qui aux yeux de ses défenseurs doit permettre la recherche d’une nouvelle physique.

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