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Policier détenu à Marseille : Darmanin dit comprendre la colère des forces de l’ordre

France's Interior Minister Gerald Darmanin waits for the start of his hearing by the Law Commission of the French National Assembly in Paris on July 19, 2023, over his management of the riots following the shooting of Nahel, a teenage driver, by French police in the Paris suburb of Nanterre on June 27. More than 3,700 people were taken into police custody in connection with the protests since Nahel's death, including at least 1,160 minors, according to official figures. (Photo by Emmanuel DUNAND / AFP)

Le ministre de l’Intérieur en soutien des policiers et de leur patron. Gérald Darmanin a pris la parole jeudi 27 juillet pour la première fois depuis le début de la crise qui agite la police, disant comprendre la « colère » des policiers, au moment où leurs protestations, liées à l’incarcération de l’un des leurs, ralentissent l’activité judiciaire.

Affirmant que « moins de 5 % des policiers se sont mis en arrêt maladie ou ont refusé d’aller au travail », Gérald Darmanin a cependant souligné que la « fatigue » et la « colère » ne devaient pas leur faire « oublier le sens » de leur mission », « au service de la population ».

« Je comprends cette émotion, je comprends cette colère, et je comprends cette tristesse », a-t-il déclaré à sa sortie du commissariat du XIXe arrondissement de Paris, juste avant de recevoir les représentants des syndicats Place Beauvau.

Il était accompagné du préfet de police de Paris Laurent Nuñez et du patron de la police nationale Frédéric Veaux, dont les propos avaient provoqué un tollé chez les magistrats et la classe politique, quand il avait estimé qu' »avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». 

« C’est un grand policier, un grand flic », a dit Gérald Darmanin de Frédéric Veaux, « je le soutiens totalement ».

Les policiers « ont besoin d’avoir le soutien de leur ministre, ce que je suis venu répéter, et de leurs autorités hiérarchiques », a poursuivi Gérald Darmanin, alors qu’une grogne se propage en France après être partie il y a une semaine de Marseille où un agent de la BAC (Brigade anti-criminalité) a été incarcéré dans le cadre d’une enquête pour violences policières.

Activité policière en forte baisse dans le 93

Les protestations, qui se manifestent principalement par des mises en code 562 – un service minimum assuré dans les unités – et par des arrêts maladie, sont difficilement quantifiables.

Le recours au code 562 et les arrêts maladie ont entraîné un net ralentissement de l’activité dans certains des plus gros tribunaux de France cette semaine, une baisse à pondérer toutefois avec la relative accalmie qui s’est installée après les émeutes urbaines du mois dernier.

En Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres et criminogènes du pays, le nombre de gardes à vue nocturnes tourne autour d’une quinzaine contre 35 à 70 habituellement. « Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu cela en Seine-Saint-Denis », a déclaré à l’AFP le procureur de Bobigny Eric Mathais.

À Marseille, le nombre de défèrements est « bas, voire historiquement bas » pour la juridiction avec « 70-75 % d’activité en moins », a indiqué une source judiciaire locale. Et à Paris, ce volume a été divisé par deux à la section de permanence du parquet, d’après une autre source judiciaire.

La détention provisoire en question

Jeudi soir, les syndicats sont venus dire au ministre que la police était « en pleine crise », selon Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat Unité SGP Police. « Qu’on ne nous dise pas : on vous comprend mais vous n’aurez rien », a-t-elle averti, précisant qu’il ne s’agit « pas d’un mouvement de défiance vis-à-vis du ministre ».

Son syndicat demande, en particulier, la création d’un statut spécifique du policier mis en examen, excluant la détention provisoire d’un agent agissant en mission. 

Mais pour un autre syndicaliste, Anthony Caillé (CGT-Intérieur-Police), « avoir une justice d’exception à l’endroit des policiers, ça n’est pas entendable, pas acceptable », « ce serait grave dans une république, une démocratie ».

Le déclencheur du mouvement est venu de Marseille avec l’incarcération d’un policier de la BAC, soupçonné d’avoir roué de coups un homme de 22 ans, avec trois autres collègues, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Ces faits se sont produits lors des émeutes ayant embrasé le pays à la suite de la mort de Nahel, tué le 27 juin à Nanterre lors d’un contrôle routier, par un policier, également placé en détention provisoire.

Dans l’affaire de Marseille, quatre policiers ont été mis en examen pour violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours. L’un d’eux a donc été incarcéré.

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La victime, Hedi, avait témoigné dans La Provence avoir été passée à tabac, après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe. Dans un entretien avec Konbini, mercredi, il apparaît avec « une partie du crâne en moins », raconte devoir marcher avec un casque et ne pas voir de l’œil gauche. 

L’appel du policier contre son placement en détention provisoire sera examiné le 3 août par la chambre de l’instruction à Aix-en-Provence.

« Ce sera une journée très importante. Le problème pour nous, c’est le placement en détention provisoire », martèle David, policier de 43 ans à Nancy, qui est en code 562, « symbole contestataire ».

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