Quand la Tour Eiffel illustre un article de presse internationale, le symbole est d’habitude plutôt flatteur pour la France : son rayonnement, sa culture, son attractivité touristique… Sauf que ces jours-ci, la Dame de fer partage la vedette avec une concurrente pas vraiment bienvenue : la punaise de lit. Comme sur ce montage photo du site Vice, digne d’un film de série B, accolé au titre « Êtes-vous prêts pour l’apocalypse des punaises de lit ? »
À un an des Jeux olympiques de Paris, où sont attendus près de 16 millions de visiteurs du monde entier, une psychose secoue la France : les punaises de lit auraient envahi le pays. Dans le métro parisien, les cinémas, les trains, les salles de classe (sept établissements ont été fermés à la suite d’alertes), le parasite suceur de sang semble occuper tous les espaces, et tous les esprits, jusqu’à investir la presse internationale.
« La France déclare la guerre aux punaises de lit, et jusqu’ici, les punaises de lit l’emportent », titre le site Fortune, tandis que le New York Times s’interroge d’un lapidaire « Ville Lumière ou ville piqûre ? » et que le Washington Post choisit le pragmatisme : « Les punaises de lit ne sont pas qu’à Paris. Que faire si elles débarquent chez vous ? »
Petite bestiole, tant d’agitation
Bien que ses piqûres ne présentent aucun danger pour la santé, la notable difficulté à se débarrasser d’une infestation à domicile peut causer des dégâts psychologiques sur les personnes envahies. Longue de quelques millimètres à peine, difficilement détectable, cette indésirable à la teinte rougeâtre a la capacité de se reproduire 30 000 fois en six mois, souligne Le Soir. Le quotidien belge rappelle que la Belgique connaît également des vagues d’infestation, et s’interroge : « Comment une aussi petite bestiole peut-elle susciter autant d’agitation ? »
Difficile, dans ces circonstances, de démêler la réalité de l’invasion et la part de psychose. Les multiples images relayées par les réseaux sociaux ont enflé la perception du fléau, analyse De Volksrant, aux Pays-Bas. Les données dont on dispose proviennent de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses) : 11 % des ménages français ont dû faire face à une invasion de punaises de lit entre 2017 et 2022.
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Si l’inquiétude s’avère mondiale, c’est à l’image de la punaise elle-même. Insecte cosmopolite par excellence, elle est revenue en force ces dernières années dans les pays occidentaux à la faveur de la multiplication des déplacements de touristes, et des événements internationaux. La Paris Fashion Week, qui se tenait jusqu’au 3 octobre, a suscité la crainte quant à une diffusion mondiale du fléau.
Quelques traces de l’infestation française ont déjà été détectées au-delà des frontières : les autorités marocaines ont déclaré une alerte sanitaire après avoir trouvé des punaises de lit dans un ferry de Tanger, en provenance de Marseille. L’Algérie vient également d’annoncer des « mesures préventives » contre la propagation. Une passagère de l’Eurostar, le train qui relie Londres à Paris, a publié sur X une série de photos du parasite. Une alerte qui a amené la compagnie à annoncer des mesures de désinfection.
La perspective des Jeux olympiques ne fait rien pour apaiser les angoisses collectives. Le premier adjoint à la Maire de Paris, Emmanuel Grégoire, a demandé à la Première ministre Élisabeth Borne d’organiser des « assises de la lutte contre les nuisibles » pour lutter contre le fléau.
En première ligne, le ministre des Transports français Clément Beaune a multiplié les interventions pour annoncer des mesures de lutte, mais aussi pour appeler à la modération, y compris à l’étranger. « Pas d’invasion. Le phénomène existe bien, et nous ne le cachons pas, mais nous ne devrions pas paniquer », a-t-il déclaré en anglais, interrogé par CNN.
Dans un registre plus léger, l’animateur Jimmy Fallon s’est emparé du sujet en chanson, dans une imitation d’Emmanuel Macron entamant un hymne à la « bed bug » pas piqué des hannetons.