Avec notre correspondante à Londres, Émeline Vin
Keir Starmer a été accusé par une partie de la base travailliste britannique d’occuper une position trop pro-israélienne. Le leader du parti travailliste ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu à Gaza, émis par certains grands noms du parti travailliste, dont le maire de Londres. « Je comprends ces appels, mais un cessez-le-feu est une mauvaise idée », a répété le chef du Labour ce mardi, qui estime que cela fournirait au Hamas l’occasion de se réorganiser et de frapper Israël à nouveau.
À la place, Keir Starmer réclame une « pause humanitaire », même de quelques heures, en attendant de parvenir à un accord politique – seule solution selon lui. Enfin, l’ancien avocat de 61 ans refuse de se prononcer quand un journaliste lui demande si Israël respecte les conventions internationales. À plus long terme, « une opération militaire sans durée et sans objectif politique clair et souhaité, est en fin de compte futile », a-t-il cependant tempéré, insistant sur le fait qu’une solution politique serait la seule issue.
Dénoncer les attaques antisémites et islamophobes
Interrogé sur les dissensions au sein du parti, alors que plusieurs élus menacent de démissionner, Keir Starmer réfute toute fracture : « Nous avons tous en commun la volonté d’alléger les souffrances des Palestiniens », assure-t-il.
En revanche, celui que les sondages présentent comme le prochain Premier ministre dénonce les attaques antisémites et surtout islamophobes, qui se multiplient au Royaume-Uni. Il appelle aussi son parti à tendre la main à toutes les communautés meurtries. La branche musulmane du parti travailliste s’était dite blessée par le silence initial de leur chef.
Depuis qu’il a pris la tête du parti Labour il y a plus de trois ans, Keir Starmer a recentré son parti et cherché à se démarquer de son prédécesseur, Jeremy Corbyn, très à gauche, opposé à l’Otan, très pro-palestinien et qui avait été accusé d’avoir laissé l’antisémitisme prospérer au sein du Labour. Starmer a ainsi été ovationné lors du congrès de son parti lorsqu’il a condamné l’attaque du Hamas du 7 octobre, ce qui avait été commenté comme une évolution considérable. Mais depuis, il s’est trouvé sous le feu des critiques en interne pour avoir suggéré lors d’une interview qu’Israël avait le « droit » de couper l’approvisionnement en eau et en énergie de Gaza.