L’Union européenne se montre concernée par la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Elle en veut pour preuve une déclaration de son Haut représentant « suite à la publication du dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies ». Un rapport à paraitre et dont la teneur est d’ores et déjà connue. L’UE se dit « profondément troublée par ses conclusions ».
Le rapport pointe notamment du doigt la responsabilité du Rwanda en soutien des rebelles du M23. L’armée rwandaise a, selon ce rapport, et comme déjà mentionné dans un rapport confidentiel daté de juillet, « fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier quand celles-ci visaient à s’emparer de villes et de zones stratégiques ». Si le Rwanda nie en bloc ces accusations, plusieurs pays tels que les Etats-Unis, la Belgique, la France ou encore la République démocratique du Congo ont dénoncé la responsabilité de Kigali. L’UE leur emboîte donc le pas.
L’UE interpelle le Rwanda et la RDC
“L’UE exhorte vivement le Rwanda de cesser de soutenir le M23 et d’utiliser tous les moyens pour faire pression sur le M23 afin qu’il se conforme aux décisions prises par la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et lors du mini-sommet sur la paix et la sécurité dans la région orientale de la RDC à Luanda le 23 novembre 2022”, peut-on lire dans un communiqué publié samedi 31 décembre 2022, le conseil de l’Union européenne dénonce les exactions commises par les rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.
L’UE “exhorte également vivement tous les États de la région à empêcher tout soutien aux groupes armés actifs en RDC. ». Toujours sur la base du rapport des experts de l’ONU qui détaille également comment depuis mai 2022 des groupes armés du Nord-Kivu, dont les FDLR, ont collaboré sur les différents fronts avec l’armée congolaise (FARDC) et reçu également un soutien matériel de leur part,l’UE “appelle la RDC à stopper et empêcher toute coopération entre les FARDC et les groupes armés, notamment les FDLR, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population civile sur son territoire”. Cette collusion entre l’armée et les milices est dénoncée par Kigali et le M23 depuis des mois, et est utilisée par la rébellion comme justification de sa présence au Nord-Kivu.
Recrudescence de violences dans l’Est de la RDC
Ces derniers mois, les attaques perpétrées par les rebelles du Mouvement du 23 mars à l’encontre des populations civiles congolaises se sont multipliées à l’est du pays. “L’UE réitère son entière solidarité avec les populations de l’est de la RDC qui continuent de payer le prix de cycles prolongés de violence, de violations des droits de l’homme et d’exactions”, indique encore le communiqué.
L’UE “condamne avec la plus grande fermeté les taux élevés de violences sexistes et sexuelles perpétrées par des groupes armés et des acteurs étatiques en RDC », mais aussi « la xénophobie, les discours de haine et l’incitation à la violence visant toute personne ou tout groupe en raison de sa race ou de son origine ethnique, et demande que les responsables soient traduits en justice”.
D’après l’Union européenne, la crise humanitaire déclenchée par l’instabilité de la situation et “l’activité persistante des groupes armés” toucherait “27 millions de personnes dans tout le pays”. Autant de personnes “qui ont un besoin urgent d’assistance ».
Par ailleurs, l’UE « prend note de la levée de l’obligation de notification pour leslivraisons d’armes au gouvernment de la RDC » et « se félicite du renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), reconnaissant le rôle essentiel de la MONUSCO pour assurer la paix future dans l’est de la RDC”, salue le communiqué.
La mission de l’ONU en République démocratique du Congo a remplacé la MONUC le 1er juillet 2010. Elle a notamment pour mission de protéger les civils, le personnel humanitaire présent dans le pays.
Le Rwanda a de son côté accusé la RDC, où la présidentielle est prévue en décembre 2023, d’instrumentaliser le conflit à des fins électorales et d’avoir « fabriqué » un massacre qui, selon une enquête des Nations unies, a été commis fin novembre par le M23 et a coûté la vie à au moins 131 civils dans les villages de Kishishe et Bambo, selon un bilan encore provisoire.
Des initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de résoudre la crise de l’est de la RDC où une force régionale est-africaine, dirigée par le Kenya, est en cours de déploiement.
Vendredi au nord de Goma, des combats ont encore opposé l’armée congolaise, appuyée par des groupes d’autodéfense, aux rebelles du M23.