Le chef de file du RN Jordan Bardella a martelé mardi qu’il ne pourrait « pas agir » sans « majorité absolue » à douze jours du premier tour des législatives, alors que le président Emmanuel Macron a justifié sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, « la solution la plus responsable » à ses yeux.
Le président du Rassemblement national pose ses conditions. À douze jours du premier tour des législatives, Jordan Bardella, a assuré, mardi 18 juin, qu’il « refuserait d’être nommé » Premier ministre s’il n’obtenait pas la majorité absolue aux législatives.
« Si demain je suis en capacité d’être nommé à Matignon et que je n’ai pas de majorité absolue (…) eh bien je refuserai d’être nommé », a-t-il affirmé sur France 2, réitérant qu’il abrogerait la réforme des retraites en donnant la priorité aux carrières longues.
« Je veux être en situation d’agir », avait affirmé la veille sur Cnews/Europe 1 le président du RN, crédité de 33 % dans le dernier sondage Ifop et qui « n’envisage pas d’être un collaborateur du président » Emmanuel Macron. Il réclame au contraire « le pouvoir pour changer de politique dans notre pays ».
S’il l’obtient, sa « première mesure » sera de faire voter un budget rectificatif incluant une baisse de la TVA sur l’énergie et les carburants. En revanche, la suppression de la TVA sur les « produits de première nécessité » attendra le budget suivant, « à la rentrée ». Lundi, Jordan Bardella avait aussi dit qu’il abrogerait la réforme des retraites « à partir de l’automne », levant un flou sur ce sujet.
« Solution la plus responsable »
Le président Emmanuel Macron a, de son côté justifié sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. « La solution que j’ai prise, c’est la plus lourde, la plus grave, mais la plus responsable », a assuré le chef de l’État à des Français, inquiets, qui l’ont longuement interrogé sur le sujet, en marge d’un déplacement sur l’île de Sein (Finistère) pour commémorer le 84e anniversaire de l’Appel du 18 Juin du général De Gaulle.
Chose rare, le président de la République s’est laissé aller aux confidences : « ça m’a fait mal le 9 juin ». « J’ai plein de défauts, des choses que je n’ai pas bien faites », a-t-il ajouté un peu plus tard.
Mais « on ne peut pas craindre le peuple dans une démocratie », « on a connu le chaos » pendant la crise des gilets jaunes, « une élection, ce n’est pas le chaos, c’est la démocratie », a encore dit Emmanuel Macron.
Attal défend la « troisième voie »
Manière de préparer les esprits à de possibles renoncements ? « La réalité, c’est qu’au Rassemblement national, tout est approximations ou reniements », a dénoncé Gabriel Attal sur franceinfo. « S’agissant de Jordan Bardella, il y a de moins en moins de programme et de plus en plus de conditions, ça commence à ressembler à un refus d’obstacle », a-t-il taclé.
Lui-même à la tête d’une majorité relative jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a défendu les propositions « crédibles » de la « troisième voie » qu’il souhaite incarner, entre les « extrêmes » du RN à droite et du Nouveau Front populaire à gauche qui « promettent, dans leurs programmes, un matraquage fiscal (…) pour financer leurs folies budgétaires ».
Message relayé par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire qui a alerté sur le risque d’une « mise sous tutelle » de la France par la Commission européenne et le FMI si le RN ou le Nouveau Front populaire remportaient les législatives.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a lui aussi appelé à « ne pas creuser encore davantage des déficits lourds qu’on ne saurait pas bien financer ».
La CGT soutient le Nouveau Front populaire
À gauche, dans une décision rare, la CGT a appelé explicitement à voter pour le Nouveau Front populaire au vu de « la gravité de la situation » avec le risque de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Le deuxième syndicat français a coutume d’appeler à faire barrage contre l’extrême droite, mais sans donner de consigne de vote.
Un appel qui intervient au moment où la nouvelle union de la gauche, créditée de 28 % dans le sondage de lundi, se cherche toujours une tête d’affiche. Et la manière de la choisir est une nouvelle source de division.
Pour l’insoumise Mathilde Panot, il reviendra au parti disposant du « plus grand groupe à l’Assemblée nationale » de « proposer aux autres forces le nom d’un Premier ministre ». Ce qui avantage a priori le parti de Jean-Luc Mélenchon, qui a investi 229 candidats, contre 175 pour les socialistes, 92 pour les écologistes et 50 pour les communistes.
Sauf que le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, demande à présent « un vote » des futurs députés du Nouveau Front populaire pour désigner le chef du gouvernement si la gauche est majoritaire au soir du 7 juillet. Ce qui a aussitôt déclenché l’ire de ses alliés insoumis.
Source: France24