Entre les États-Unis, puissance technologique, la Chine, puissance industrielle, et l’Union européenne et son pouvoir de régulation, le Premier ministre britannique Rishi Sunak veut se faire une place sur le sujet et aboutir à la « première déclaration internationale sur la nature » des risques de l’IA et propose la mise sur pied d’un groupe d’experts internationaux, inspiré du modèle du Giec sur le climat.
« Je crois sincèrement que les technologies comme l’IA vont apporter des transformations comparables à la révolution industrielle. Mais elles amènent de nouveaux dangers et de nouvelles peurs. L’IA pourrait faciliter la confection d’armes biochimiques. Les criminels pourraient exploiter l’IA à des fins de fraude, de cyberattaques ou de pédophilie. Dans les cas les plus extrêmes, bien qu’improbables, l’humain pourrait perdre le contrôle de l’IA », a-t-il déclaré.
Et ce sommet se déroulera dans un lieu loin d’être anodin. C’est au manoir de Bletchley Park, l’emblématique centre de décryptage des codes de la Seconde guerre mondiale, que le mathématicien Alan Turing est parvenu à casser le code de la machine Enigma utilisée par les nazis.
« Occasion manquée »
La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ou encore la dirigeante italienne Georgia Meloni sont attendus. Les États-Unis seront représentés par la vice-présidente Kamala Harris. Une centaine d’organisations, experts et militants internationaux ont publié lundi une lettre ouverte au Premier ministre britannique, qualifiant ce sommet à « huis clos » d’« occasion manquée » et lui reprochant d’être dominé par les géants de la tech.
Alors qu’attendre de ce sommet ? Pas d’accord formel, mais des « grands principes », explique Yoshua Bengio, professeur à l’université de Montréal et l’un des pionniers de l’IA. « Il y aura toujours de nouveaux détournements ou de nouveaux dangers qui n’auront pas été prévus. Les législateurs doivent avoir un cadre pour réagir rapidement. Il existe d’autres choses rapides à mettre en place : l’enregistrement des réseaux de machine learning, peu d’entreprises en sont capables. Nous devons nous assurer qu’elles disposent de permis qu’on peut leur retirer si leur système pose un risque », analyse-t-il au micro de notre correspondante, Émeline Vin.
Le sommet doit se conclure jeudi soir par un débat entre Rishi Sunak et Elon Musk, sur X (anciennement Twitter), le réseau social de ce dernier.