L’immigration, mais aussi la surévaluation du prix des logements, ont provoqué la chute du gouvernement de Mark Rutte aux Pays-Bas.
Une forte augmentation des demandes d’asile au cours de l’année 2022 a conduit à l’ouverture de centres d’accueil « d’urgence » à travers le pays. Celui de la ville d’Almere, géré par la Croix-Rouge néerlandaise dans une ancienne caserne de pompiers, accueille 150 personnes, essentiellement des jeunes hommes.
« Il n’y avait pas de lits, donc les gens restaient dehors, puis la Croix-Rouge est intervenue. Depuis, nous faisons partie intégrante de la structure des abris pour réfugiés, comme celle-ci », témoigne Bastiaan van Blokland Porte-parole de la Croix-Rouge néerlandaise. « Nous gérons les abris en coordination avec le gouvernement pour nous assurer qu’il y a toujours un nombre stable et permanent de lits pour les réfugiés ».
Ici, les gens reçoivent trois repas par jour et 12 euros d’argent de poche par semaine. Certains d’entre eux vivent depuis plus d’un an dans l’attente de l’examen de leur demande d’asile. Ils peuvent sortir dans la journée et travailler au maximum 12 semaines par an, mais beaucoup passent leurs journées dans la salle commune du centre.
Les Syriens sont les plus nombreux parmi les demandeurs d’asile, ici et au niveau national. C’est le cas de Yara, qui fuit la guerre civile dans son pays d’origine.
« Mon mari et mes enfants sont en Syrie, et je ne les ai pas vus depuis neuf mois, ce qui est très difficile pour moi. Et apparemment, je vais devoir attendre encore un an avant de les voir. J’espère que ce ne sera pas plus d’un an », nous confieYara, demandeuse d’asile syrienne.
Les personnes qui obtiennent enfin le statut de réfugié ont droit, selon la loi, à un logement privé et au regroupement familial. Mais la pénurie de logements laisse plusieurs personnes sur la liste d’attente et continue d’encombrer les centres d’accueil.
« Quand il n’y a pas de place sur terre, la mer entre en jeu. Ce navire, autrefois utilisé pour des croisières de luxe, accueille aujourd’hui des centaines de personnes dans le port d’Amsterdam, en attente d’une réponse à leur demande d’asile », explique Vincenzo Genovese, journaliste à Euronews.
En effet, le gouvernement néerlandais a tenté d’introduire un statut de protection différencié, afin d’éviter d’accorder à chaque réfugié le droit au regroupement familial immédiat. Cela a divisé les partis de la coalition.
« Il y a une crise du logement, il n’y a tout simplement pas assez de logements abordables dans ce pays, surtout dans les grandes villes, mais un peu partout. Cela signifie également qu’il y a une grande concurrence entre les personnes éligibles au logement social, les natifs néerlandais éligibles au logement social abordable. Il y a une concurrence entre ces besoins et ceux des réfugiés reconnus », analyse Jeroen Doomernik, professeur associé de Sciences politiques à l’Université d’Amsterdam.
Selon le professeur Jeroen Doomernik de l’Université d’Amsterdam, cette sorte de « tempête parfaite », causée également par l’inflation et les problèmes environnementaux qui empêchent la construction de nouvelles maisons, a créé la tension sous laquelle le gouvernement est tombé, au début du mois de juillet. Et il est probable qu’elle influence les prochaines élections du 23 novembre.