Des familles de Franco-Israéliens otages présumés du Hamas à Gaza, ont appelé, jeudi 12 octobre, à la libération de leurs proches, lors d’une conférence de presse chargée d’émotion à Tel-Aviv. Dix-sept Français compte parmi les 150 disparus, possiblement aux mains du groupe islamiste palestinien, dont quatre enfants.
Treize autre Français ont été tués dans l’attaque sanglante de samedi qui a fait au moins 1 200 morts. La France est l’un des pays les plus concernés par cette opération armée du Hamas en Israël, après la Thaïlande (21 morts) et les États-Unis (22 morts).
La France comprend la plus forte communauté juive d’Europe avec un peu moins de 500 000 personnes, selon l’Association juive européenne (EJA). Et d’après l’Agence juive pour Israël, chargée d’organiser le retour des juifs dans l’État hébreu, quelque 130 000 juifs de France ont émigré en Israël depuis sa création en 1948. Environ 30 000 juifs ont notamment quitté la France ces dix dernières années, poussés notamment par la montée de l’antisémitisme et les attentats de 2012 contre l’école Ozar-Hatorah de Toulouse et de 2015 à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.
Parmi ces Français qui ont souhaité partir vivre en Israël, Céline Ben-David Nagar, 32 ans, originaire de Lyon, avait quitté la France avec sa famille en 2006. Elle fait partie des otages franco-israéliens du Hamas.
« Ramenez Céline à sa fille »
Lors de la conférence de presse de jeudi à Tel Aviv, son frère Samuel Ben-David, lui-même émigré en Israël, et le mari de la disparue Ido Nagar ont supplié la France de lui venir en aide. Samedi matin, cette jeune mère de famille a pris la route du festival de musique techno Tribe of Nova, dans le sud d’Israël, à quelques kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza. En chemin, après avoir entendu des tirs de roquette, Céline Ben-David Nagar et ses amis décident de faire demi-tour en voiture, mais ils font une mauvaise rencontre sur la route et la Franco-Israélienne est kidnappée par les assaillants du Hamas.
« Je vous en prie ramenez ma femme, elle a un bébé de 6 mois qu’elle allaite. Ramenez Céline à sa fille », a demandé son mari Ido Nagar, venu à la conférence de presse avec leur nourrisson Élie, de nationalité française comme Céline Ben-David Nagar.
« Ma fille n’est pas partie pour faire la guerre, elle est partie pour danser », a dit Doron Journo dont la fille Karin, une franco-israélienne de 24 ans, participait au même festival de musique attaqué par le Hamas. « Je supplie Emmanuel Macron de nous aider », a déclaré, des sanglots dans la voix, la sœur de la disparue, Meitav. « Je veux que ma sœur revienne, je veux que tout le monde retrouve sa famille disparue ».
Quelles marges de manœuvre pour la France ?
Pour Emmanuel Macron, le défi est de taille. Chaque minute compte pour la survie de ces otages, après la menace lancée lundi soir par le Hamas de tuer un otage à chaque fois qu’un bombardement israélien toucherait des habitations civiles de l’enclave palestinienne. Ce qui n’a pas empêché Tsahal de continuer à pilonner Gaza, où plus de 1 300 personnes ont perdu la vie depuis samedi.
Le président français, qui a reçu l’ensemble des chefs de partis à la mi-journée à l’Élysée, s’est exprimé dans une allocution télévisée jeudi soir, condamnant le « déchaînement de cruauté absolue » du Hamas contre Israël.
Il a dit « mettre tout en œuvre (…) pour faire revenir » les otages capturés par le Hamas « sains et saufs dans leur foyer ». « Je pense ce soir aux familles. Je veux leur dire que la France met tout en œuvre aux côtés des autorités israéliennes et avec nos partenaires pour les faire revenir sains et saufs dans leurs foyers », a-t-il déclaré.
Pourtant « le président français n’a pas les mains libres sur ce sujet et très peu de pouvoir. Car très concrètement, la France, officiellement, ne parle pas avec le Hamas », estime Antoine Marriotti, journaliste spécialisé de France 24 et ancien correspondant à Jérusalem. « Cinq ans de négociations ont été nécessaires pour libérer Gilad Shalit [soldat franco-israélien capturé par le Hamas en 2006]. Libérer l’ensemble des otages paraît une mission quasiment impossible », analyse-t-il.
Toutefois, il reste la possibilité pour la France de faire pression sur Israël pour les pousser à négocier d’une part, et de passer par des « services amis comme les services égyptiens bien implantés dans la bande de Gaza » d’autre part, pour ouvrir des discussions avec le Hamas en vue de faire libérer les otages français.
Vols spéciaux de rapatriement de la France
Pour les ressortissants français d’Israël qui ont souhaité regagné la France, un premier avion de rapatriement a atterri à l’aéroport parisien Roissy Charles-de-Gaulle jeudi soir.
Ce premier « vol spécial » est arrivé peu après 21 h 00 avec à son bord 377 passagers français, en particulier des personnes âgées, « vulnérables ».
Des équipes médicales étaient présentes au terminal 2E pour proposer à l’ensemble des rapatriés une prise en charge. Ils ont été accueillis à la sortie de l’avion par la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, et le ministre des Transports, Clément Beaune.
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« C’est le soulagement de rentrer, mais quand on voit la montée des actes antisémites en France, on a une petite appréhension », a déclaré devant la presse Olivia, enceinte de quatre mois, à la sortie de l’avion. « En Israël, on avait l’armée pour nous protéger, j’espère qu’on pourra se sentir en sécurité » en France, a ajouté la jeune maman, accompagnée de deux enfants en bas âge.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a affirmé jeudi qu’il y avait eu « plus d’une centaine d’actes antisémites » en France depuis l’attaque samedi d’Israël par le mouvement islamiste palestinien Hamas, allant de tags à des insultes contre la communauté juive.
Selon la diplomatie française, d’autres « vols spéciaux » sont prévus vendredi et samedi pour permettre aux ressortissants n’ayant pas encore trouvé de vol commercial de regagner le territoire national, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
« Les personnes vulnérables (mineurs isolés et femmes enceintes en particulier), en situation de handicap ou en situation médicale présentant une urgence particulière, seront prioritaires », précise le Quai d’Orsay, qui assure travailler « avec Air France à la reprise de ses vols commerciaux dès que possible ».