Historien, universitaire, essayiste, syndicaliste, Jacques Julliard était un homme de conviction. Son parcours est mêlé à celui de la gauche en France. En 2012, il avait d’ailleurs écrit Les gauches françaises 1762-2012 : histoire, politique et imaginaire, souhaitant revenir sur un courant politique qu’il connaissait fort bien. Proche de Michel Rocard, il avait été en effet une figure de « la deuxième gauche » qui souhaitait réconcilier le socialisme avec l’économie de marché, en opposition à la « première gauche » de François Mitterrand.
Mais il préfère, malgré son appétence pour la joute verbale, ne pas se lancer en politique et il choisit plutôt l’analyse et la réflexion intellectuelle ainsi que le syndicalisme qu’il juge plus ambitieux.
Plus tard, il prend la défense de François Hollande et l’acharnement médiatique contre lui en disant : « La principale faiblesse de François Hollande, c’est le Parti socialiste. » L’ancien président François Hollande lui rend d’ailleurs un long hommage sur les réseaux sociaux.
Journaliste pendant trente-deux ans au Nouvel Observateur, proche de Jean Daniel, il aimait analyser la politique française, la démocratie et les grands courants de pensée. En 2010, il rejoint l’hebdomadaire Marianne et Le Figaro en 2017 pour une chronique mensuelle.
Natacha Polony, directrice de la rédaction du magazine Marianne, lui rend hommage sur X (ex-Twitter).
Tous deux avaient d’ailleurs été les invités d’Emmanuelle Bastide sur RFI pour parler éducation en 2015, à l’occasion de la sortie de son livre L’école est finie.
Né le 4 mars 1933 à Brénod, dans l’Ain, dans une famille de notables locaux enrichis par le commerce du vin, élève à l’École normale supérieure en 1954, il était entré l’année suivante à la revue Esprit. Investi dans le syndicalisme étudiant, il s’était engagé en faveur d’idées anticolonialistes. Il avait également enseigné à Chartres, puis à l’Institut d’études politiques de Bordeaux et mené parallèlement une carrière d’universitaire et de semi-permanent à la CFDT.
