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Irlande du Nord : quels sont les enjeux d’un nouvel accord entre Londres et Bruxelles ?

British Prime Minister Rishi Sunak and European Commission President Ursula von der Leyen hold a news conference at Windsor Guildhall, Britain, February 27, 2023. Dan Kitwood/Pool via REUTERS

Pour le Premier ministre britannique Rishi Sunak, signer un accord avec Bruxelles sur l’Irlande du Nord vise à sortir cette province britannique de la crise mais aussi à relancer ses relations avec les Européens. Un accord pourrait aussi asseoir son autorité sur sa majorité parlementaire.

Faire baisser les tensions

Le but premier est de rechercher des « solutions pratiques » aux difficultés d’approvisionnements créées par le protocole nord-irlandais, qui maintient la province dans le marché unique européen. Il s’agit de sortir ce territoire de l’impasse politique, à l’approche du 25e anniversaire, en avril, de l’accord de paix qui a mis fin à trois décennies de conflit en Irlande du Nord.

Sur le premier point, l’accord que doivent finaliser lundi 27 février  Rishi Sunak et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen prévoit selon la presse britannique de supprimer les contrôles pour la plupart des marchandises en provenance de Grande-Bretagne tant qu’elles ne sont pas destinées à quitter cette province.

Il réduirait aussi l’application de règles de l’UE en Irlande du Nord et compliquerait tout recours à la Cour européenne de Justice, des avancées cruciales pour ceux qui voyaient dans le protocole une atteinte à sa place dans le Royaume-Uni.

Sur le deuxième point, la tâche s’annonce plus complexe. Le principal parti unioniste, l’ultraconservateur Democratic Unionist Party (DUP), réclame la fin pure et simple du protocole et bloque depuis un an le fonctionnement du Parlement local et la formation d’un exécutif malgré la crise actuelle du coût de la vie.

Accepter des concessions reviendrait à se résoudre à un pouvoir, même très diminué, de l’UE sur l’Irlande du Nord. Rejeter le texte, c’est sembler fermer la porte à tout compromis alors même que la majorité des élus de cette province et les milieux d’affaires soutiennent le protocole.

Londres a menacé de convoquer des élections locales, risquées pour le DUP. Au dernier scrutin, en 2022, il a déjà été devancé – un basculement historique – par le Sinn Fein, hostile à la domination de Londres.

Détente avec l’UE pour éviter tout risque de guerre commerciale

Le dossier maintient Londres et les 27 dans un état de perpétuelles négociations sur le Brexit.

Afin de répondre aux inquiétudes des unionistes, le gouvernement britannique a commencé à légiférer pour se donner le droit de revenir unilatéralement sur le protocole. Mise à exécution, cette possibilité reviendrait pour Londres à une violation du droit international de mauvais genre au moment où les Occidentaux cherchent à se montrer unis face à l’invasion russe de l’Ukraine.

Et Bruxelles avait averti que cela entraînerait des représailles : un risque de guerre commerciale et donc de hausse du coût des importations quand le Royaume-Uni espère dans les mois à venir un ralentissement de l’inflation. L’envolée des prix, à plus de 10% (voire bien plus pour les aliments), a déjà causé des mouvements sociaux sans précédent depuis les années 1980, sous Margaret Thatcher.

Après des années d’acrimonie liée au Brexit, conclure un accord scellerait le rétablissement de la confiance évoquée par les deux parties depuis l’arrivée de Rishi Sunak à Downing Street en octobre. Une détente bienvenue à l’approche de la première visite du Premier ministre conservateur en France le 10 mars.

Contrôler sa majorité

Downing Street a refusé de dire explicitement si un accord avec Bruxelles serait soumis au vote des députés britanniques. Le texte passerait probablement avec le soutien de l’opposition travailliste mais une fronde importante porterait un coup à l’autorité de Rishi Sunak. Ces derniers mois, les évictions de Boris Johnson puis de Liz Truss du pouvoir ont montré la difficulté à gouverner d’un Premier ministre sans contrôle de sa majorité parlementaire.

Les conservateurs partisans du Brexit de l’aile droite estiment qu’un accord ne peut être validé qu’avec le soutien du DUP et plusieurs voix ont déjà jugé les concessions de Bruxelles insuffisantes. L’ex-Premier ministre Boris Johnson a exprimé son mécontentement, ce qui lui a aussitôt valu d’être accusé de comploter pour revenir au pouvoir.

Mais l’ampleur de la rébellion est incertaine. Et le Parti conservateur, déjà au plus bas dans les sondages, peut difficilement prendre le risque de changer pour la troisième fois en six mois de leader, alors que les prochaines législatives sont prévues pour l’année prochaine.

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