De notre envoyée spéciale à Bruxelles,
Ces derniers jours, chacun y est allé de sa formulation. « Cessez-le-feu humanitaire », « pause » au singulier, « pauses » au pluriel, « fenêtres humanitaires ». Les 27 sont divisés, il y a ceux qui insistent sur la solidarité envers les civils palestiniens, comme l’Irlande et l’Espagne. À l’autre bout du spectre, il y a les défenseurs d’Israël comme l’Autriche, la Hongrie ou encore l’Allemagne.
Alors qu’Israël annonce préparer le champ de bataille d’une offensive terrestre, le chancelier Olaf Scholz a affiché un soutien sans réserve à cette opération : « Israël est un État démocratique avec des principes très humanitaires qui le guident et on peut donc être sûr que l’armée israélienne respectera les règles du droit international dans ce qu’elle fait. Je n’ai aucun doute à ce sujet. »
Olaf Scholz s’est rendu récemment dans la région, comme d’autres dirigeants européens. Emmanuel Macron, le président français, rentre tout juste d’une tournée où il a évoqué cette idée d’une coalition contre le terrorisme. C’est une idée qui a été accueillie avec réserves. Le président a l’occasion d’y revenir avec ses homologues. Interrogé sur cette idée à son arrivée au Conseil, le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a souligné que toute initiative qui pourrait contribuer à sauver des vies devait être étudiée.
« Il faudrait que dans les prochains jours, les gouvernements nationaux puissent définir s’ils décident de se rallier ou pas. Mais toute initiative qui permettrait d’avoir un cessez-le-feu ou une paix humanitaire – je m’en fous du nom -. ce qui compte, c’est qu’il y a tous les jours des jeunes qui meurent, des enfants qui meurent, des femmes qui meurent, qui n’ont rien à voir avec la guerre. Il y a des jeunes qui sont allés faire la fête, qui sont faits assassiner par le Hamas, il y a des gens aujourd’hui qui sont bombardés aussi par des missiles israéliens et ce sont des gens qui n’ont rien à voir avec la guerre, qui meurent. Et c’est ça ce qu’il faut cesser. »
À Bruxelles, les 27 se seraient finalement mis d’accord pour appeler à des couloirs et des poses humanitaires. C’est en tout cas ce que prévoit la version finale de la déclaration du sommet. Mais elle peut encore être modifiée, les discussions d’ailleurs s’étirent. L’idée des pauses dans les combats, si elle était adoptée, est de permettre d’acheminer l’aide à la population civile de Gaza ou de faire libérer des otages.
Et quid de l’aide à L’Ukraine ?
Alors ces événements au Proche-Orient suscitent aussi chez certains la crainte qu’ils éclipsent la guerre en Ukraine. D’autant qu’un nouveau participant pourrait jouer les trouble-fête. C’est le tout nouveau Premier ministre slovaque, le pro-russe Robert Fico. Juste avant d’arriver ici, il a d’ailleurs annoncé l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine. Or les 27 doivent discuter de l’ajout d’une enveloppe de 50 milliards d’euros et d’une facilité militaire de 20 milliards. Ils doivent aussi évoquer la meilleure façon d’exploiter les superprofits des devoirs russes, gelés.
Rien ne dit que Robert Fico soutienne ses idées, tout comme son homologue hongrois Viktor Orban, dont la récente poignée de main avec Vladimir Poutine, a du mal à passer auprès des 27. Le Premier ministre luxembourgeois y a vu un bras d’honneur à l’Ukraine, mais Viktor Orban n’a pas l’intention de rentrer dans le rang : « Nous maintenons ouverte toutes les lignes de communication avec les Russes, sinon il n’y aura aucune chance de paix. Il s’agit d’une stratégie et nous en sommes fiers. Nous sommes les seuls qui parlent au nom et en faveur de la paix, ce qui devrait être la préoccupation de tout le monde en Europe. »
Alors, si la rhétorique irrite, les Européens se rassurent ici en rappelant que, jusqu’à présent, Viktor Orban a approuvé tous les programmes d’aide à l’Ukraine et toutes les sanctions.