Avec notre correspondante à Madrid, Diane Cambon
C’est une bombe contre l’Église catholique espagnole que vient de lancer le Défenseur du peuple, Angel Gabilondo, avec le rapport sur la pédophilie au sein de l’institution catholique. Il reproche à l’Église d’avoir occulté des milliers de cas de pédophilie durant des décennies.
Durant 15 mois, quelque 8 000 personnes, victimes de pédocriminalité durant leur enfance, ont témoigné, racontant leurs calvaires subis au sein des institutions religieuses. Le Défenseur du peuple dénonce le silence complice des institutions ecclésiastiques. Le droit canonique a permis, selon lui, d’accentuer la solitude des personnes agressées et a permis d’occulter ces crimes en ayant recours notamment à des transferts des agresseurs d’une institution religieuse à une autre.
On sait désormais à travers toutes les enquêtes qui ont été faites et à travers l’analyse qui en est faite par le pape François qu’il s’agit d’une sorte de cancer systémique qui touche le fonctionnement de l’Église catholique. Ces prédateurs, ces abuseurs se sont rendus coupables de ces crimes parce qu’ils étaient dans une position de pouvoir absolument exacerbé…
« C’est le premier jour de la réparation »
Le rapport a suscité l’émotion du chef du gouvernement Pedro Sanchez, qui a félicité le travail du Défenseur du peuple. « Nous sommes un pays un peu mieux aujourd’hui, car on a fait connaitre une réalité que tout le monde connaissait depuis des années, mais dont personne ne parlait dans ces termes », a déclaré Pedro Sanchez. « Le Défenseur du peuple a dit quelque chose de très important. Ce n’est pas le dernier jour aujourd’hui, mais le premier jour de la réparation, qui ne sera jamais totale, car c’est impossible, mais d’un exercice d’empathie que devra mener toute la société espagnole et les institutions publiques envers ces personnes qui ont subi une violence et agression sexuelle », a-t-il ajouté.
Durant la présentation du rapport, il y a été question aussi de créer un fonds financier pour dédommager les victimes. Mais il est aussi demandé un geste fort de la part de l’Église pour reconnaître le tort qu’elle a commis durant des décennies. La Confédération épiscopale, la plus haute instance religieuse catholique du pays, a annoncé la tenue d’une assemblée extraordinaire lundi prochain afin d’étudier le rapport du Défenseur du peuple espagnol.