Et si la diminution des émissions de gaz à effet de serre passait par la baisse du nombre de vaches sur le territoire ? C’est du moins ce que préconise la Cour des comptes dans son dernier rapport sur les soutiens publics aux éleveurs de bovins, paru lundi 22 mai, comme le rapporte Franceinfo. Le gouvernement français devrait “définir et rendre publique une stratégie de réduction” du nombre de vaches élevées en France pour diminuer les émissions de CO2, a-t-elle effectivement recommandé dans le document.
Avec 17 millions de vaches sur son territoire, la France est le premier producteur de viande bovine d’Europe et deuxième troupeau laitier derrière l’Allemagne. Derrière ce palmarès agricole impressionnant se cache une triste réalité : la filière bovine représente près de 12 % (11,8 %) des émissions de gaz à effet de serre du pays. « Le bilan de l’élevage bovin pour le climat est défavorable », prévient l’institution.
Les ruminants produisent trop de méthane
La détention de CO2 par les prairies dans lesquelles pâturent les vaches ne suffit pas à “compenser les émissions” de l’élevage, alerte aussi la Cour des comptes. Si le bilan est loin d’être à l’équilibre, c’est principalement à cause de la quantité de méthane, un hydrocarbure au pouvoir très réchauffant qui représente un risque pour l’environnement, issue de la digestion et des déjections des bovins. Ce gaz carbonique puissant représente 45 % des émissions agricoles françaises.
Or, la France fait partie des signataires de l’accord Global Methane Pledge, qui prévoit une réduction des émissions de méthane d’au moins 30 % d’ici 2030. Ainsi, “le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane […] appelle nécessairement à une réduction importante du cheptel”, assure la juridiction. Pour elle, le ministère de l’Agriculture doit “définir et rendre publique” une stratégie à ce sujet.
Le secteur agricole en rogne
Du côté du monde agricole, cette annonce n’est pas bien prise. « Nous accueillons ce rapport agacés et blessés », a riposté Arnaud Rousseau, président du syndicat agricole FNSEA, au micro de Franceinfo. « Sur le fond, ce rapport contient des éléments intéressants, mais ses conclusions sont simplistes et inexactes », a-t-il ajouté. Selon lui, une baisse de la production n’est pas sans risques face aux habitudes de consommation.
En d’autres termes, si les Français ne diminuent pas leur consommation de viande bovine, le pays va devoir augmenter ses importations. Or, pour Arnaud Rousseau, « considérer que demain, nous pourrions nous acheter une sorte de virginité environnementale en important plus de viande, ce n’est pas audible ». La FNSEA préconise plutôt des changements dans l’alimentation des vaches, responsable en grande partie des émissions de méthane.
La Source: Geo
