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Retraites : La France Insoumise déjà remobilisée malgré les critiques

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Deux jours après l’importante manifestation contre la réforme des retraites, une nouvelle manifestation contre le projet présenté par Elisabeth Borne se tient ce samedi, à Paris, à l’initiative de plusieurs associations jeunesse et soutenue par La France Insoumise. Un choix notamment décrié par le Parti communiste et la CGT.

Après avoir ouvert le bal des manifestations contre la réforme des retraites jeudi, les syndicats auront sans doute un œil sur la mobilisation – qui vise également la réforme – qui se tiendra ce samedi (14 heures) à Paris, à l’appel d’organisations de jeunes militants des partis de gauche, soutenus par La France Insoumise. Et au soir de « la plus grande mobilisation sociale depuis 20 ans », le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a donné rendez-vous « samedi pour la marche du 21 janvier » derrière les organisations de jeunesse.

Mais les premiers signaux envoyés ne semblent guère rassurants pour LFI. D’emblée, la CGT a expliqué, par la voix de Philippe Martinez, qu’elle « ne soutient pas » cette action, précisant que « ce n’est pas le moment de se diviser ». Même au sein de la Nupes, la manifestation ne satisfait pas tout le monde. « Cette marche arrive comme un cheval dans la soupe, avec ses gros sabots », a taclé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel dans le JDD.

Une guerre de dates

Avant même la présentation du projet de réforme des retraites, la date du 21 janvier avait été décidée. Un choix précoce, qui a « froissé les syndicats », reconnaît Philippe Juraver, responsable du réseau des luttes de LFI et ancien syndicaliste. C’est la raison pour laquelle les huit principaux syndicats français ont annoncé la semaine dernière une première date de mobilisation, le 19 janvier, avec le souci de répondre rapidement aux annonces du gouvernement… Mais aussi de devancer la manifestation de ce samedi.

« C’est aux organisations syndicales de donner le la et le coup d’envoi de la mobilisation », a de son côté affirmé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. « Ils ne se sont pas sentis associés. Et la marche d’octobre (contre la vie chère, NDLR) avait eu du succès, ils ont pu penser qu’il s’agissait de leur faire de l’ombre. Donc dans la communication, on a fait très attention, c’est seulement depuis quelques jours, après la date du 19, qu’on a augmenté la communication du 21 », complète toutefois Philippe Juraver.

A l’instar de l’ensemble de la gauche, la France insoumise a appelé dans un tweet ses sympathisants à marcher avec les syndicats jeudi, un message relayé par Jean-Luc Mélenchon. Mais la concurrence entre la CGT et la France insoumise ne date pas d’hier : en septembre 2017, déjà, le mouvement conduit par Jean-Luc Mélenchon s’était attiré les foudres syndicales en tentant de prendre la main sur la contestation de la réforme du code du travail.

Ces derniers mois, les tensions se sont cristallisées autour de l’organisation d’une « marche contre la vie chère » par LFI, le 16 octobre, qui venait percuter les efforts des syndicats pour mobiliser autour de la question des salaires. Invités à s’y associer, les syndicats ont pointé le manque de volonté réelle des Insoumis de « coconstruire » la mobilisation. Après le refus de Philippe Martinez d’appeler à participer à la marche, M. Mélenchon a enterré au moins provisoirement ces tentatives de front commun dans une note de blog, dénonçant au passage les propos « sectaires » du cégétiste.

La CGT veut s’éloigner des partis politiques

Du côté de la CGT, la priorité est désormais de maintenir l’unité de l’intersyndicale construite avec les syndicats réformistes pour mener la bataille contre la réforme des retraites. Mais au-delà des discussions stratégiques entre les deux organisations, ces tensions semblent parfois se nourrir d’une animosité personnelle entre les deux hommes. « On sent qu’il y a un côté Mélenchon contre Martinez, c’est un peu gonflant. C’est un peu qui aura la plus grosse – manifestation bien sûr », ironise un responsable syndical sous couvert d’anonymat.
Interviewé sur Mediapart début janvier, Philippe Martinez a revendiqué « plus que jamais » la « volonté d’indépendance » de la CGT vis-à-vis des partis politiques, tout en défendant l’existence de « liens entre eux ». « Ces liens ils existent, ça doit sûrement pouvoir s’améliorer », a-t-il expliqué.

Animatrice des rencontres entre la Nupes et les syndicats à l’automne dernier, la députée LFI Aurélie Trouvé souhaite voir ces convergences se développer. « Nous allons envoyer un courrier d’invitation à l’intersyndicale pour une rencontre dès que possible pour échanger sur les initiatives des uns et des autres mais aussi voir comment on peut envisager de les rendre complémentaires », a-t-elle expliqué.

Secrétaire confédérale CGT, Céline Verzeletti défend elle aussi une « coordination entre les dates politiques et les dates syndicales Il ne faut pas que chaque cadre se mette en concurrence ». Sa fédération (UFSE-CGT) a appelé à manifester le 21.

la source : L’Est Républicain

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