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Malgré une réglementation plus stricte, les Parisiens veulent profiter d’Airbnb pendant les JO

Gabriel D a deux types d’amis parisiens : ceux qui redoutent l’été 2024 en pensant aux flots de touristes attendus pour les Jeux olympiques organisés dans la capitale française, et ceux qui prévoient de se réfugier en province après avoir loué leur appartement sur Airbnb.

Particulièrement enthousiaste, Gabriel s’attend à réaliser environ 30 000 euros de bénéfices sur la plateforme de locations touristiques pendant les trois semaines de compétitions.

« Je suis content de pouvoir profiter du système et de gagner de l’argent grâce aux touristes », confie-t-il.

Son appartement de 90 mètres carrés, qui comprend deux chambres, se trouve dans le cœur de Paris, précisément dans le quartier animé de Châtelet-Les Halles (Ier arrondissement de la capitale). Gabriel prévoit de le louer 1 200 euros la nuit pendant la compétition, une augmentation sensible par rapport aux 400 ou 500 euros qu’il s’attend habituellement à gagner. 

Selon une étude du cabinet Deloitte commandée par Airbnb et publiée en avril, les prix en Île-de-France (Paris) augmenteront de 85 % pendant l’événement sportif planétaire. Et les touristes sont prêts à accepter ce tarif.

L’Américaine Christine Bird a déjà réservé un appartement comprenant une chambre à coucher près du Louvre. Elle paiera environ 1 000 dollars (894 euros) par nuit. Cette Californienne a décidé de réserver dès maintenant, craignant que les prix ne montent en flèche ou que les hôtes n’annulent leur réservation afin d’obtenir une offre plus lucrative. Le premier appartement qu’elle avait réservé a été annulé sans aucune explication.

Une autre citoyenne américaine, Kayla Lehmann Shelley, prépare aussi son voyage olympique. « Nous planifions ce voyage depuis les JO de 2020« , explique-t-elle. Son budget global « plutôt raisonnable » pour une famille de quatre personnes est compris entre 20 000 et 30 000 dollars (18 000 à 27 000 euros) pour une semaine. Kayla et sa famille, qui viendront depuis l’Ohio, font partie des 11,3 millions de touristes attendus en France pour les Jeux olympiques, selon l’Office du tourisme de Paris. 

« Plus d’un demi-million de visiteurs devraient séjourner dans un Airbnb pendant la durée des Jeux olympiques et paralympiques », indique Emmanuel Marill, directeur d’Airbnb France.

Selon l’étude de Deloitte, l’impact économique total d’Airbnb sur la France pendant les Jeux olympiques devrait être supérieur à 1 milliard d’euros, un montant qui comprend les revenus des hôtes, les bénéfices de l’industrie hôtelière (accueil, restauration …) et des entreprises locales, ainsi que les effets indirects sur divers secteurs de l’économie. En outre, 70 millions d’euros de recettes fiscales devraient être reversés aux municipalités et au fisc.

Pénurie de logements

Toutefois, les grandes villes françaises telles que Marseille, Bordeaux et surtout Paris accusent souvent les plateformes telles qu’Airbnb d’aggraver la pénurie de logements et d’augmenter le coût des locations pour les habitants.

« Beaucoup de villes imposent des réglementations ces jours-ci parce que les habitants ont de plus en plus de mal à trouver un logement et sont obligés de s’installer plus loin », explique Laetitia Caron, directrice de l’agence de location française Particulier à Particulier.

La France a déjà imposé une limite de 120 jours par an pour les locations de courte durée. Mais certaines municipalités vont plus loin dans la réglementation, à l’instar de la ville bretonne de Saint-Malo, par exemple, championne de France des locations de courte durée en 2019, qui a imposé des quotas stricts par quartier.  

En juin, le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a annoncé que son ministère s’efforçait de combler les lacunes fiscales dont bénéficient les sociétés de location de courte durée telles qu’Airbnb.

« J’ai du mal à comprendre le traitement fiscal très favorable dont bénéficie Airbnb. Nous allons réformer les règles fiscales et je ferai des propositions », a-t-il déclaré début juin sur BFM TV.

Le ministère n’a pas encore précisé si la réforme sera incluse dans le budget 2024 – un changement qui aurait probablement un impact sur les perspectives économiques d’Airbnb pour les JO.

Bien qu’il compte bénéficier du système, Gabriel estime qu’il y a longtemps que ces modifications auraient dû être faites. « Le gouvernement s’est fait avoir par les locataires d’Airbnb », dit-il.

Pour lui et d’autres Parisiens, la location de leur appartement offrira un revenu supplémentaire bienvenu face à l’inflation galopante, même s’il s’agit d’un « luxe » réservé à ceux qui disposent d’une deuxième adresse et qui peuvent télétravailler pendant cette période.

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