C’est sa première visite officielle en France, mais Roberta Metsola est déjà venue à Paris deux fois depuis son élection à la tête du Parlement européen et elle connaît bien Emmanuel Macron. « Ils se voient tout le temps », assure un conseiller à Bruxelles. Avec cette visite, à un peu plus d’un an des élections européennes, Roberta Metsola pose aussi un jalon en affichant son entente avec Paris : la Maltaise avait pu compter sur le soutien du président français pour son élection, en janvier 2022.
À Paris, la dirigeante européenne, qui n’a jamais caché ses convictions personnelles anti-avortement, va d’abord rendre hommage au Panthéon à Simone Veil, à l’origine de la légalisation de l’IVG en France, notamment. Cela avant les passages obligés dans les bureaux des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale
Avancer sur le pacte migratoire
Au déjeuner au lendemain à l’Élysée, Roberta Metsola a un message-clé à faire passer à Emmanuel Macron : il faut avancer sur le pacte migratoire. Alors que la plupart des pays de l’UE ont accepté le nouveau pacte de manière provisoire le 4 octobre, il fait actuellement l’objet de négociations avec le Parlement européen : les responsables espèrent qu’un accord sera conclu cette année, après plus de trois ans de négociations.
Même si Emmanuel Macron est déjà empêtré dans des débats internes à son parti sur son projet de loi française sur l’immigration, l’entourage de la présidente du Parlement européen se veut confiant : « on a une possibilité » de trouver un compromis dans l’UE, « c’est une occasion à ne pas louper », répète son équipe.
Ce règlement, dernière pièce du Pacte asile et migration de l’UE, a été agréé par les États membres à la majorité qualifiée. Pologne et Hongrie ont voté contre, tandis que l’Autriche, la Slovaquie et la République tchèque se sont abstenues.
Si Varsovie a menacé d’opposer son « véto », cela ne peut se faire, puisque la procédure d’adoption de ces textes par les États-membres se fait par un vote à la majorité qualifiée. Une procédure la Pologne et la Hongrie n’ont de cesse de contester.
Inquiétudes migratoires dans le contexte de la guerre Israël-Hamas
Les Européens s’inquiètent également des possibles conséquences migratoires de la guerre entre Israël et le Hamas, redoutant de vivre une situation similaire à la crise des réfugiés de 2015, notamment en cas d’extension du conflit. « S’il y a une extension (du conflit), nous devons penser aux réfugiés, comme les réfugiés syriens au Liban, a indiqué Roberta Metsola. C’est une réalité qui pourrait nous ramener à une situation déjà vécue (…) 2015 nous a montré ce qui pouvait arriver dans tel ou tel scénario. »
L’UE accueille quelque quatre millions de réfugiés ukrainiens et la hausse des demandes d’asile met les capacités d’accueil de nombreux pays sous pression.