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Distribution Alimentaire Pour Les éTudiants: «on Ressent Les Conséquences de L’Inflation»

POUR ILLUSTRER LE PAPIER D'ANNE PASCALE REBOUL. Des étudiants disposent des produits sur les rayonnages d'une épicerie solidaire, le 07 novembre 2011 à Villeurbanne, sur le campus de l'université de Lyon-I. Le petit commerce, lancé fin octobre par la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) et son relais lyonnais Gaelis, est le premier dans une université française à fonctionner selon les principes d'une épicerie solidaire. Les articles viennent des banques alimentaires et des grandes surfaces. Le budget de 50.000 euros de la structure est financé par l'université, des mairies, la région, l'Etat et une dizaine de partenaires privés. AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK PAUVRETE-SOCIAL-EXCLUSION-JEUNES

Devant le centre social La Maison Bleue, dans le nord de Paris, plusieurs centaines d’étudiants font la queue pour récupérer des paniers alimentaires. Certains sont là depuis une heure et demie, sous un soleil cuisant.

À l’intérieur du bâtiment, la vingtaine de bénévoles se dépêche de finir d’installer les dernières caisses de nourriture. Parmi eux, Rafael, étudiant brésilien arrivé en France il y a un an, et qui ne s’attendait pas à une telle précarité étudiante : « Quand tu arrives en France, tu ne penses pas qu’il va y avoir 300 étudiants au milieu d’août, parce que c’est un pays riche, mais c’est un peu compliqué ici en France, c’est chaud pour tout le monde », constate-t-il.

Et il n’est pas le seul à être étonné de voir tant de monde aux distributions en plein été. Younès, bénévole depuis deux ans et demi, constate facilement les effets de la hausse des prix : « Les conséquences de l’inflation, on les ressent bien pour les étudiants. Pendant les vacances d’été, on fait à l’heure actuelle les chiffres qu’on fait durant l’année scolaire dans le XVIIIe arrondissement. Donc à la rentrée, je pense qu’on va avoir des hausses de bénéficiaires assez conséquentes », craint Younès.

1,5 million de repas distribués aux étudiants

Cette année, Linkee a distribué l’équivalent de près d’1,5 million de repas aux étudiants, 50% de plus qu’en 2022, alors que l’année n’est pas terminée.

Pour fournir ces paniers repas, l’association mise sur la récupération d’invendus auprès de commerçants, une tâche complexe selon Myriam Boudali, responsable des projets et du plaidoyer de Linkee : « C’est une grande complexité logistique et puis surtout, c’est difficile de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas obligés de jeter, puisque c’est une habitude pour beaucoup », explique Myriam Boudali. « L’année dernière, ça représentait 400 tonnes d’invendus qu’on a pu récupérer. Au niveau de la France, on estime que c’est 10 millions de tonnes qui partent à la poubelle chaque année, donc on a encore de quoi faire. On a une belle marge. »

À la sortie de la distribution, les étudiants repartent soulagés, et les sacs bien chargés : « Des fruits, des légumes, de la salade, des yaourts, du pain. De quoi faire la semaine. »

Sacrifier ses études pour travailler et pouvoir manger

Les bénéficiaires sont issus de toutes sortes d’études, et de pays, comme Malika, originaire d’Inde : « En tant qu’étudiante indienne, les distributions m’aident beaucoup parce que Paris est une ville très chère. Ça nous aide beaucoup dans la vie quotidienne et nous permet d’économiser un peu d’argent pour les courses, et ça m’aide de plein de manières. »

Selon l’Unef, plus d’un tiers des étudiants travaillent à plein temps pour subvenir à leurs besoins, ce qui augmenterait les risques d’échecs aux examens de 40%. C’est le cas de cette étudiante, en troisième année de licence d’informatique, venue chercher un panier repas : « C’est ce que j’ai fait toute cette année, ce qui a fait que je n’ai pas réussi mon année parce que c’est soit je travaille, soit je réussis mes études, mais je ne vais pas manger. Donc au final, j’ai fait un choix, c’est je travaille et on verra. »

Toujours selon l’Unef, près de 4 élèves sur 10 sauteraient des repas, par manque de moyen.

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