Le président français Emmanuel Macron a appelé vendredi 27 octobre à une « trêve humanitaire » dans la guerre entre Israël et le Hamas pour « organiser la protection » des populations civiles dans la bande de Gaza. Lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles, il a également estimé que la riposte israélienne devait « mieux cibler » les « terroristes ».
« Nous reconnaissons totalement le droit et la volonté légitime de lutter contre le terrorisme. Nous sommes prêts à y apporter notre aide. Mais nous considérons que le blocus complet, le bombardement indifférencié et plus encore la perspective d’une opération massive terrestre ne sont pas de nature à protéger comme il se doit les populations civiles », a-t-il ajouté.
Les divergences européennes sur le conflit au Moyen-Orient persistent
En demandant une « trêve humanitaire », le président français est allé au-delà de la déclaration commune des dirigeants des vingt-sept pays de l’Union européenne qui, après d’âpres tractations sémantiques, avaient demandé des « pauses » pour faciliter l’aide humanitaire.
Si après des heures de discussions, les 27 ont trouvé un compromis et se sont mis d’accord pour appeler à ces « pauses humanitaires », cette unité de façade masque difficilement des divergences d’approche profondes qui sont ressurgi dès la fin du sommet, rapporte notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anastasia Becchio.
L’Union européenne est en effet divisée entre pays insistant sur la solidarité envers les civils palestiniens, comme l’Irlande et l’Espagne, et les plus fervents défenseurs d’Israël, comme l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie. Le mot « trêve » d’Emmanuel Macron, se rapproche du cessez-le-feu, rejeté entre autres, par Berlin, mais soutenu par Madrid. Le chancelier allemand a insisté, tout au long du sommet, sur la nécessité de faire « tout ce qui était possible pour soutenir le droit d’Israël à se défendre ». Olaf Scholz disait en arrivant ici qu’il n’y avait aucun doute sur le fait qu’Israël respectait les règles du droit international.
Son homologue espagnol, Pedro Sanchez a un tout autre point de vue. « C’est un doute légitime que nous pouvons tous avoir après avoir vu les images, la souffrance et le déplacement de plus d’un million de Gazaouis depuis trois semaines. Les images que nous voyons d’une population qui souffre à Gaza, et surtout des enfants, ça me semble absolument inacceptable. » L’Espagne va doubler « dans quelques jours » son aide à la population palestinienne. Elle doit atteindre les 40 millions d’euros.
Un « corridor humanitaire » pour aider Gaza
Lors de la conférence de presse à la fin du sommet européen, Emmanuel Macron a malgré tout annoncé un projet de « corridor humanitaire maritime » pour venir en aide aux civils de Gaza.
Nous allons bâtir une coalition humanitaire avec plusieurs pays européens, en particulier Chypre qui va servir de base arrière à ce corridor humanitaire et maritime, avec l’aide également de la Grèce qui est prête à envoyer des équipements, et tous les partenaires européens prêts à s’impliquer dans ces opérations.
D’autre part, le président français avait précédemment évoqué lors d’une tournée au Proche-Orient mardi et mercredi l’idée d’une « coalition internationale » pour lutter contre le Hamas. Il a expliqué qu’il proposerait aux « partenaires » de la France une réunion « pour structurer cette initiative ».
Évacuer les ressortissants français à Gaza
La France souhaite aussi évacuer « dans les meilleurs délais » ses ressortissants se trouvant dans la bande de Gaza, assiégée et bombardée par Israël, a annoncé le président. « Nous souhaitons les évacuer dans les meilleurs délais. C’est ce qu’on est en train d’organiser avec à la fois les autorités palestiniennes et l’Égypte. Et c’est ce que plusieurs autres pays européens souhaitent faire en coordination avec nous », a-t-il ajouté.
Selon Paris, une cinquantaine de Français se trouvent actuellement à Gaza, mais en comptant les familles et les agents de l’Institut français sur place, cela porte à 170 le nombre de personnes dont la France veut assurer la protection.
La France cherche aussi les moyens de faire libérer les otages.
Nous sommes tous extrêmement impliqués dans la libération de nos otages. Nous restons en permanence en lien avec les négociateurs.