Il était 2 h 40, jeudi 26 septembre, lorsqu’un violent incendie s’est déclaré dans l’usine du groupe américain Lubrizol près du centre-ville de Rouen. Des flammes gigantesques et une énorme fumée noire se sont élevés au-dessus de l’usine chimique d’additifs pour lubrifiants et carburants classée Seveso, « seuil haut ».
Deux explosions ont freiné l’intervention des pompiers. Plus de 200 hommes de 25 centres de secours de Seine-Maritime avec des renforts de l’Eure, du Calvados et de Paris ont maîtrisé le sinistre vers midi. 1,5 hectare sur les 14 du site a été détruit. Il n’y a pas eu de victime. L’usine emploie 400 salariés.
Éviter la propagation
Les pompiers ont d’abord déplacé des produits hautement inflammables et évité une propagation aux usines voisines dont deux, Total et Triadis, classées aussi Seveso. Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, leur a rendu hommage en se rendant sur le site.
Les mesures de confinement dans un périmètre de 500 mètres prises par la préfecture ont été levées jeudi soir. Les habitants les plus proches étaient invités à rester chez eux ou ont été évacués. Les crèches, écoles, collèges, lycées de douze communes de la métropole de Rouen ont été fermés et rouvriront lundi.
La ville a été toute la journée au ralenti avec des embouteillages monstres après que le pont Flaubert sur la Seine a été fermé. La fumée de 22 km de long et 6 de large pouvait être toxique. Une suie grasse avec des particules d’hydrocarbures est tombée sur les voitures, toits, rues, cours et bâtiment, légumes de maraîchers et animaux dans les prairies.
L’origine de l’incendie est inconnue
L’origine de l’incendie est inconnue. Le procureur de la République, Pascal Prache, a ouvert une enquête pour déterminer les causes et savoir où était parti le foyer. Le feu a été éteint en fin de journée.
En janvier 2013 déjà un épais nuage noir et un gaz nauséabond, le mercaptan, s’étaient élevés au-dessus de l’usine, dirigés par les vents vers l’Ile de France et l’Angleterre. Il y avait eu alors des manquements aux règles de sécurité. « Pas cette fois-ci », dit le préfet « deux arrêtés de prescription de l’inspection des installations classées Seveso, les 18 mars et 24 juillet 2019, ont été suivis d’effet. L’entreprise était aux normes réglementaires. »
Une odeur de gaz se faisait sentir jeudi soir et cette nuit à Rouen. 78 mesures de l’air ont été effectuées sur 28 points. La fumée était ininflammable, dépourvue d’hydrogène sulfuré et présentait des traces minima d’oxyde de soufre et d’azote (0 à 1 PPM). Dix personnes admises au CHU de Rouen pour des irritations de la gorge sont rentrées chez elles.